Le numérique représentait en 2019 en France environ 2% du total des émissions de gaz à effet de serre et cette proportion pourrait s’accroître considérablement dans les années à venir pour atteindre 6,7% en 2040 (à politique constante)[1].
Plutôt prospectif il y a encore quelques mois, l’empreinte environnementale du numérique est devenue aujourd’hui un sujet d’attention politique alors que la trajectoire climatique de la France est au cœur de nombreux débats.
C’est en premier lieu, le Sénat qui s’est emparé du sujet avec la constitution début 2020 d’une mission d’information menée par le Sénateur Patrick Chaize dont le rapport publié en juin dernier sert de base à une proposition de loi déposée fin octobre.
Cette proposition de loi qui constitue la deuxième phase de la feuille de route des sénateurs pour un numérique responsable, est organisée autour de 4 axes prioritaires :
- L’éducation, dès le plus jeune âge, à la sobriété numérique ;
- Le renforcement de la lutte contre l’obsolescence programmée ;
- La promotion, d’usages numériques écologiquement vertueux comme la limitation de certaines pratiques telles que le lancement automatique des vidéos sur les sites et applications ou l’obligation de recourir à l’écoconception des sites publics et des sites des plus grandes entreprises ;
- L’émergence d’une régulation environnementale destinée à prévenir l’augmentation des consommations et émissions des réseaux et des centres de données.
Premières du genre, ces mesures font échos à plusieurs propositions formulées par les citoyens de la Convention Citoyenne pour le Climat qui ont en effet inscrit parmi les objectifs de leur rapport « Accompagner l’évolution du numérique pour réduire ses impacts environnementaux » (proposition PT12.1). Les 150 proposent notamment, à l’instar des sénateurs, de promouvoir l’information et l’éducation sur les pratiques de sobriété numérique ; de rendre accessibles au consommateur les engagements de neutralité carbone des acteurs du numérique ; de réduire les besoins des services numériques via leur écoconception ou encore de rendre l’écoconception des sites web et services en ligne publics des entreprises obligatoires.
Le gouvernement a à son tour, début octobre, esquissé les contours de sa feuille de route sur le sujet et a présenté lors d’un colloque « environnement et numérique » organisé à Bercy, les mesures envisagées pour allonger la durée de vie des appareils électroniques et engager des réductions de consommation d'énergie dans le secteur du numérique.
Si ce sujet prend donc un tour plus politique ces derniers mois il n’est pas nouveau pour l’interprofession publicitaire et particulièrement pour l’Union des marques qui, dès 2017, avait inscrit dans le Programme FAIRe l’impératif de sensibilisation des équipes de communication à l’impact du numérique, par définition immatériel, et donc souvent ignoré.
En 2020, un engagement renforcé est venu prendre le relai de celui-ci afin d’engager les marques à définir et introduire des paramètres environnementaux dans la sélection des supports de diffusion numériques de leurs communications.
L’ambition de cet engagement est de donner une impulsion afin que l’ensemble des acteurs de la filière travaille conjointement à la mesure de ces impacts et permette aux marques de faire des choix éclairés.
Cet objectif est largement partagé aujourd’hui puisque plusieurs groupes de communication ont lancé des travaux sur le sujet, que les organisations professionnelles des agences médias ou des régies s’y intéressent et que le sujet émerge parmi ceux sur lesquels les Etats généraux de la communication pourront apporter des réponses concrètes.
[1] Chiffres issus d’une étude relative à l’évaluation des politiques publiques menées pour réduire l’empreinte carbone du numérique (juin 2020), réalisée par le cabinet Citizing, épaulé par Hugues Ferreboeuf et le cabinet KPMG, à la demande de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat